Pour endiguer la crise de la filière, le GAB IdF est lancé sur une trajectoire orientée vers la stimulation de la demande et de la consommation. Une ligne pas toujours bien comprise par les producteurs qui ont l’impression que cette activité promue sur les réseaux sociaux, est réalisée au détriment de l’accompagnement agricole. Il n’en est rien. Le fait est que stimuler la consommation est une nécessité pour soutenir la production. Pour autant et bien évidemment, le GAB IdF en 2023 a continué de renforcer l’accompagnement technique aux producteurs. De même que direction et administrateurs ont poursuivi le travail avec les pouvoirs publics aux côtés de la FNAB et en concertation avec les acteurs régionaux pour la construction de dispositifs d’appuis à la bio. C’est une approche complète de la filière que propose le GAB IdF. Une approche inclusive aussi : le GAB IdF rassemble les différentes sensibilités de la Bio et n’oppose pas les systèmes.
Sur la stimulation de la consommation et des demandes
« On est une structure unique qui a l’expertise de l’amont, la production bio, jusqu’à l’assiette. Le travail réalisé par le GAB IdF permet de (re)lancer des filières. », a expliqué Jacques FRINGS dans son rapport moral, Président sortant et réélu. Nous avons intensifié les relations avec les collectivités de toutes tailles pour l’accompagnement de la transition alimentaire ».
En 2023, le pôle Alimentation a formé 83 chefs de cuisines, sensibilisé à l’alimentation durable 383 agents et 240 chefs, sensibilisé à l’AB, à la saisonnalité... 300 enfants et 9700 lycéens. « On subit la crise, a expliqué Jacques FRINGS, mais l’impact d’Egalim sur la restauration collective est bien réel ». 70 collectivités ont sollicité le GAB IdF à différentes échelles ou pour différentes missions (rédaction de cahier des charges, approvisionnement, formations, installation de cuisine centrale ou de producteurs…).
Frédéric FRINGS, Vice-Président de la Coopérative bio IdF : « On récolte beaucoup ce qui est produit par le travail du GAB IdF. On a de plus en plus de demandes de collectivités avec des cahiers des charges bien écrits. Les demandeurs sont aussi bien informés des prix plus élevés en bio et du pourquoi. Tout ça est bien préparé, un énorme travail est fait par le GAB IdF. A tel point qu’on est en recherche de produits, on manque de productions, donc je veux partager cet optimisme du GAB IdF, il y a un vrai effort sur la demande. »Sur le renforcement de l’accompagnement technique
Avec 38 nouvelles fermes bio (23 installations et 15 conversions) et 32 arrêts (dont 12 décertifications), le nombre total de fermes bio et de surfaces en Ile de France a atteint un plateau en 2023. Si le solde reste positif, la profession est inquiète. « Le plus difficile pour les producteurs a été la baisse de consommation de produits bio, la perte de chiffre d’affaires et de clients sur les circuits courts, avec des charges à la hausse, de main d’œuvre, d’énergie… Le marché des céréales est saturé pour 2 ans », a déploré Jacques FRINGS. Résultat : des céréales déclassées en conventionnel et des pertes financières importantes pour les producteurs. Daniel EVAIN, maraîcher et céréalier en Essonne a évoqué le retour au conventionnel d’un producteur bio historique de la région, indiquant que lui-même « perd des sous sur la récolte 2023, toute déclassée ». Il a choisi en 2023 des céréales qui ont moins chuté, mais ne sait pas ce qui va se passer en 2024 et envisage mettre l’activité de céréales en jachère.
De nouveaux services ont été déployés par le GAB IdF pour adapter la structure aux besoins accrus des producteurs sur la commercialisation. En plus des actions sur la demande, le GAB IdF a engagé des partenariats pour faciliter la vente directe pour tous les types de productions et typologies de fermes, inventorie et rencontre les acteurs de la commercialisation et de la distribution et organise des webinaires de présentation. La filière pain bio d’Ile de France reprend du service avec l’appui de la Région pour sortir durablement les céréales des silos.
En 2023, le GAB IdF a accompagné individuellement tous les producteurs en ayant exprimé le besoin - avec un effet coupe-fil de l’adhésion -, organisé 20 tours de plaine, 13 formations agricoles, qui ont permis de former 109 personnes. 28 porteurs de projets ont été accompagnés en parallèle de l’accompagnement de 10 collectivités candidates à leur accueil. 34 accompagnements à la télédéclaration PAC 2023 ont été réalisés. 33 newsletters, 13 fiches techniques, 2 guides et 5 films « Eveil des vocations » ont été produits….
Erwan HUMBERT, maraîcher en Essonne : « Le GAB IdF fait un travail de service public, de soutien concret à l’agriculture. En maraichage, notre accompagnement s’est renforcé. Il faut absolument un accompagnement technique, économique et une aide au pilotage de nos exploitations. Cette orientation au service des agriculteurs et de la société est une bonne chose. C’est ce qui va nous permettre de nous développer, même si la bio est actuellement dans le creux de la vague. »
« Si les actions des pouvoirs publics ne sont pas fortes, on va dans le mur et les déconversions vont continuer », a réagi Daniel EVAIN.
Sur la construction de politiques publiques et dispositifs d’appui
En 2023, le GAB IdF totalise 27 rendez-vous politiques, la production de 4 courriers et 2 notes aux députés, un courrier et une note aux sénateurs, 2 notes au gouvernement et/ou ministres. Acteur de la nouvelle version de la loi Descrozaille et promoteur auprès des décideurs de la mise en œuvre d’Egalim, le GAB IdF a participé à la rédaction de la Loi d'Orientation Agricole et n’a eu de cesse par la voix de ses représentants, en rendez-vous, en conférences et dans les médias de souligner les externalités positives de la bio et les paiements qui devraient les rétribuer. « Il est temps aussi de parler AB et santé, a lancé Jacques Frings, les producteurs bio produisent sans épandre des tonnes de pesticides, leur travail quotidien est générateur d'économie pour la sécurité sociale."
« En 2023, le GAB IdF a travaillé avec les partenaires, Agence de l’Eau, Région, DRIAAF… pour leur faire des propositions », a-t’il poursuivi. Le fruit de ce travail de concertation était présenté en seconde partie de matinée, qui accueillait aussi l’arrivée des partenaires.
« Nous avons associé plus de 60 acteurs pour élaborer un nouveau plan bio pour septembre 2024 », a expliqué Valérie LACROUTE, Vice-Présidente de la Région Ile de France. « Valérie PÉCRESSE a mis en place des assises régionales de l’agriculture qui se tiendront mi-juin et permettront de définir la nouvelle aide régionale à la bio », a-t-elle ajouté. « La Région soutient la consommation de produits bio régionaux, notamment dans la restauration collective avec un doublement de la contribution de 10cts d’euros par repas pris par les lycéens, si les établissements commandent du bio. Nous soutenons les structures d’accompagnement des agriculteurs et les producteurs avec l’octroi d’aides directes : la dernière maquette FEADER inclut 20% de soutien à l’AB avec des bonus pour les investissements agricoles. Depuis 2015, nous assurons la prise en charge de 80% du coût de la certification bio et l’accompagnement des agriculteurs faisant face à des difficultés. La nouvelle PAC comprend l’ouverture de dispositifs, comme une augmentation de l’aide à l’installation de jeunes agriculteurs, avec un bonus pour les installations en bio, c’est l’aide la plus importante en France ». Valérie LACROUTE a conclu en mentionnant la plateforme de la marque « produit en IDF » qui référence 187 producteurs bio et sera ouverte à terme à la vente en ligne.
Pour la DRIAAF, Benjamin BEAUSSANT, son Directeur a salué l’engagement du GAB IdF dans la mise en œuvre des PAT de Paris, la Plaine au Plateau et Cergy. Consciente elle aussi du levier de la restauration collective, la DRIAAF a lancé une étude sur l’identification des freins à la mise en œuvre d’Egalim.
Benjamin BEAUSSANT a rappelé le lancement ce mois-ci « d’une conférence des solutions* pour aider et inciter les collectivités à respecter Egalim », soulignant la mobilisation du GAB IdF sur la mission parlementaire d’évaluation d’Egalim en cours. « La DRIAAF soutient également le GAB IdF à hauteur de 80 000 euros par an sur l’accompagnement des filières agricoles. »
Le Directeur de la DRIAAF a également rappelé le plan de soutien à la filière déployé par le Ministre de l’Agriculture, « avec un volet pour le soutien de l’offre, au-delà des dispositifs CAB, éco-régime et crédit impôts. 10 puis 60 millions sont venus en aides aux agriculteurs. Soutien de la demande aussi avec 3 millions à la communication et 13 millions au fonds Avenir Bio sur les filières. » La volonté du gouvernement de soutenir la demande a été réaffirmée dans le plan Ambition Bio 2024 2027 : 18 millions d’euros de plus pour le fonds Avenir Bio et une Aide d’urgence de 90 millions d’euros, pour laquelle la téléprocédure est ouverte depuis le 25 mars.
« Nous avions annoncé l’an dernier à l’AG du GAB IdF permettre l’engagement de la MAEC eau pour financer des agriculteurs bio engagés sur des zones à enjeux ». C’est chose faite : grâce à un financement abondé à 100% par l’AESN, 31 fermes bio franciliennes ont pu en bénéficier en 2023. Pour la DRIAAF, l’objectif est clair : « le maintien des surfaces en bio et de nouveaux hectares convertis ».
(* Ladite conférence s'est tenue le 2 avril : pas de nouveautés mais présentation des critères de sanction inhérents au non respect d'Egalim et accélération des 20% de bio. Le respect d’Egalim est imposé, y inclus dans le milieu hospitalier.)
3ème partenaire majeur de la bio francilienne et du GAB IdF, l’AESN était représentée par Vincent GRAFFIN. Le Directeur Général Seine Francilienne, « convaincu des services rendus par l'AB aux systèmes écologiques, a rappelé tout l’enjeu d’encourager son développement : « la qualité des eaux ne s’améliore pas depuis 2000, 126 captages ont été arrêtés. Les producteurs d’eau sont en difficulté de traitement des eaux donc de distribution ». L’Agence a porté à 447 millions d’euros les autorisations d’engagement en 2022, pour accompagner le stage (schéma directeur d’aménagement et de gestion de l’eau) qui fixe des objectifs de bon état de la ressource. Concentrant les efforts sur les Aires d’Alimentation de Captage, l’AESN a engagé 4 millions d’euros sur une mesure eau dite « Phi5 » accessible aux producteurs bio sur 5 ans. L’agence finance aussi des aides à la conversion : 412 000 euros engagés en 2023 en complément du Feader.
L’AESN souhaite pérenniser les dispositifs PSE (Paiements pour Service Environnemental) et annonce le lancement en 2024, d’un PSE basé sur la certification bio à l’usage et mis en œuvre par les collectivités. Vincent GRAFFIN a aussi émis le souhait de conserver l’enveloppe MAEC Bio qui répond aux objectifs du Plan Eau. Enfin, il a annoncé le 12e programme pour 2025 : « la proposition porte sur le maintien de soutien à la conversion et à la pérennisation des aides sur les AAC et une convention avec le GAB IdF pour l’exercice de ses missions. Les moyens seront mis sur les actions qui apportent le plus de résultats sur les changements de pratiques, donc le soutien à l’AB », a-t-il conclu. Après une intervention de la MSA sur les dispositifs d’appui aux producteurs en situation difficile, les échanges se sont poursuivis de manière informelle autour d’un repas partagé… et ils se poursuivent encore, car derrière les annonces et les mots, il y a des travaux et des engagements. Rendez-vous l’année prochaine pour voir où ils nous auront menés.