« Globalement, en 2024, un arrêt représente en moyenne 4,5 fois plus de surface qu’une installation », indique Myriam RAFRAF, chargée de mission de l’Observatoire du GAB IdF, qui dévoile chaque année, les premières tendances à l’occasion du Salon de l’Agriculture.
Sur 31 arrêts, 13 fermes en grandes cultures…
Sans surprise, les fermes en grandes cultures sont les plus représentées dans les arrêts de certification : recul des aides publiques, chute des prix liées à l’arrivée simultanée de volumes convertis au moment où la demande, elle, baissait et les coûts de l’énergie flambaient. En 2024, les marchés sont légèrement repartis à la hausse, mais pas au point pour les céréaliers engagés en bio de sortir la tête de l’eau, surtout avec des rendements de moissons 2024 divisés par deux pour certains, du fait des conditions météorologiques.
Sur les 13 arrêts en grandes cultures, on déplore 8 décertifications en 2024 et le bruit de plaine dit qu’en 2025 d’autres suivent. Les autres « arrêts » sont liés à des changements d’activité, clôtures d’entité juridique… Certains donnent lieu à reprise des terres en AB.
Pour Philippe CAMBURET, Président de la FNAB « la réduction de la capacité de production est un sujet. L’offre risque de redevenir inférieure à la demande, entrainant un recours aux importations ». Selon l’ORAB, d'ici à 10 ans, en Ile de France, 146 fermes engagées en AB (1/4) vont être à transmettre. C’est 27,4% des surfaces aujourd’hui en AB dans la Région. Et 76% des surfaces concernées sont en grandes cultures, une surface de 8048 ha.
Notons que les céréaliers engagés en AB, par les surfaces qu’ils couvrent, sont les premiers contributeurs à la protection de la ressource en eau, où qu’ils se trouvent.
34 nouvelles fermes
Ce sont 24 installations, 8 conversions et 2 reprises de fermes. Si 3 des 24 installations (et 4 des 8 conversions) sont en grandes cultures, les autres concernent des petites surfaces et plutôt dans des filières de niches : plantes aromatiques et médicinales, viticulture, pépinières, champignons, apiculture… Ces installations ont peu d’impact sur le seul indicateur surfacique, mais reflètent l’intérêt des porteurs de projet pour l’AB. Pour mémoire, comme l’indique l’Agence BIO, 30 à 40% des porteurs d’un projet d’installation en France souhaitent s’installer en Agriculture Biologique.
Pendant ce temps-là, la demande repart !
Après 3 années baissières, les magasins spécialisés enregistrent en 2024 une hausse de chiffre d’affaires de +5,3%, selon Christelle LE HIR, Présidente du directoire de La Vie Claire. Après avoir subi des déréférencements dans les rayons, les épiceries bio de la GMS enregistrent une reprise des ventes sur le second semestre 2024, qui se confirme sur le début d’année, selon Christophe BARNOUIN, PDG d’Ecotone. Tous deux intervenaient le 17 février au Sénat à l’invitation des sénateurs Guillaume GONTARD et Daniel SALMON et de la FNAB lors d’un colloque visant à remettre l’AB à sa place dans les textes de lois...
Quid de la Loi d’Orientation Agricole ?
Bonnes nouvelles, le gouvernement et les parlementaires en relisant la copie sénatoriale de la Loi d’Orientation Agricole, le 19 février, se sont prononcés en faveur du maintien des objectifs de développement des surfaces en AB : 21% de SAU Bio en 2030. Et plus globalement des avancées sur la mention de l’Agriculture Biologique, en faveur de la formation et de l’installation. (Voir le communiqué de la FNAB).
Rappelons que « 8 français sur 10 sont inquiets des conséquences de l’utilisation de pesticides de synthèse sur l’eau, la biodiversité et la santé. » (IFOP 2024). Les pratiques de l’Agriculture Biologique sont sources d’économies sur le traitement de l’eau, pourvoyeuses d’emplois, bonnes pour la souveraineté alimentaire tout en préservant l’environnement, la biodiversité et la santé... Comme le rappelait lundi, Aurélie CATALO, IDDRI, « le marché et les consommateurs ne peuvent évoluer sans incitation politique. »
Comptons sur un maintien de cap ambitieux au plus haut niveau.